Insectes et vermines dans la copropriété
Paul-André LeBouthillie
Avocat 1. La responsabilité du Syndicat
Une des principales responsabilités du Syndicat et probablement la
plus importante est de veiller à la conservation de l’immeuble.
1039. La collectivité des copropriétaires constitue, dès la publication
de la déclaration de copropriété, une personne morale qui a pour objet
la conservation de l’immeuble, l’entretien et l’administration des par-
ties communes, la sauvegarde des droits afférents à l’immeuble ou à la
copropriété, ainsi que toutes les opérations d’intérêt commun.
Elle prend le nom de syndicat.
À cause de cette mission qui revient au Syndicat, le conseil
d’administration se doit d’être proactif lorsqu’il y a des insectes
nuisibles ou autres dans l’immeuble.
Mais, concrètement qu’est-ce que cela signifie dans la réalité de
tous les jours?
Est-ce que le Syndicat doit tout faire dès qu’il y a présence d’insecte
ou de vermine? Ou la responsabilité (de les exterminer) doit être
attribuée au copropriétaire?
1.1 Entretien des parties communes
Tel que mentionnez, le Syndicat se doit d’entretenir les parties
communes de l’immeuble.
Dans ce cas, si un copropriétaire vous souligne la présence
de fourmis ou autre insecte nuisible sur les parties communes,
notamment l’intérieur des murs de l’immeuble, vous aurez
l’obligation d’agir, et ce pour vous assurer qu’aucun dommage
n’est causé à l’immeuble.
Le Syndicat aura comme premier devoir de déterminer la source
du problème, est-ce un problème qui provient d’une partie com-
mune ou d’une partie privative? Le problème est-il attribuable
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directement à un copropriétaire ou non?
Si le problème ( lire provenance des envahisseurs) provient des
parties communes ou simplement de l’extérieur de l’immeuble,
le Syndicat devra intervenir.
Si le problème provient de la partie privative et s’y limite, les
administrateurs devront utiliser leur jugement afin de détermi-
ner si le Syndicat intervient afin de prévenir des dommages
ailleurs dans l’immeuble.
Également, si le Syndicat doit intervenir à la suite d’une infesta-
tion directement causé par le comportement et/ou le mode de
vie d’un copropriétaire, le Syndicat conservera ses recours contre
ce copropriétaire responsable le cas échant, par exemple vous
pourrez lui réclamez les frais d’un exterminateur. Dans un cas
comme celui-la, c’est le Syndicat qui aura le fardeau de prouver
la faute du copropriétaire
Il ne faut pas oublier qu’avoir un immeuble exempt de visiteurs
non désirés constitue une forme d’entretien. Mais attention cela
ne requiert pas que vous engagiez un exterminateur à toutes les
années justes au cas… Vous devrez en tant qu’administrateur
faire preuve de jugement selon les caractéristiques spécifiques
de votre copropriété. Il peut être aussi normal d’avoir quelques
insectes de temps à autres qui pénètre dans l’immeuble, mais
c’est l’infestation qui elle ne sera pas tolérable.
Évidement la situation géographique de votre copropriété est
un facteur à considérer, en effet, la situation ne sera pas la même
pour un immeuble situé au centre-ville de Montréal et un autre
qui serait situé à flanc de montagne dans les Laurentides.
1.2 Conservation de l’immeuble
La conservation de l’immeuble étant la responsabilité du Syndi-
cat, le Syndicat devra s’assurer que la présence des insectes ou
autres bestioles n’affecte pas l’immeuble.
Par exemple, si des fourmis charpentières sont présentes à
l’intérieur des murs le Syndicat devra intervenir afin d’éviter que
des dommages soient causés à la structure de l’immeuble.
Le même raisonnement pourrait être appliqué si les fourmis
se retrouvent à l’intérieur d’une partie privative et que le copro-
priétaire refuse ou néglige d’entretenir son condo. Toutefois, dans
cette situation, le Syndicat disposerait d’un recours envers le
copropriétaire. 1.3 La décontamination
Tel que mentionné, le Syndicat doit faire preuve de prudence et
de diligence lors d’infestation de toute sorte.
Dans les faits, dès qu’une situation problématique vous est rap-
portée, nous vous suggérons de retenir les services d’un professionnel
dans le domaine, lequel pourra vous donner d’avantage d’information
sur la « dangerosité ou non » de vos visiteurs indésirables..
Ce travail peut être fait de concert avec le ou les copropriétaires
concernés si le problème se retrouve dans une partie privative.
t Dans le présent article, nous traiterons d’une situation qui se présen-
te occasionnellement dans diverses copropriétés et qui peut causer
bien des maux de tête aux administrateurs et aux copropriétaires. Il
s’agit de la présence d’insecte et/ou de vermine dans l’immeuble.
Alors, que faire lorsque l’on est aux prises avec une telle forme de
copropriétaire non désiré que ce soit dans les parties privatives, dans
les parties communes, à l’intérieur du bâtiment, sur le terrain.
À titre d’exemple, que doit faire le Syndicat en cas d’infestation de
fourmis? De coquerelle? De rongeur? Ou même d’animal sauvage
comme des ours (pour des copropriétés situées loin en région, mais
la question se pose)?
Dans le présent volet, je traiterais plus particulièrement, des obli-
gations du Syndicat relativement à la présence d’insectes, vermines
et/ou d’autres animaux sauvages dans la copropriété.
Dans un premier temps, je vous exposerais les obligations du Syn-
dicat et des copropriétaires, finalement, je terminerais avec quelques
exemples de dossier qui ont été judiciarisés.